La dette de sommeil : la maladie du XIXème siècle ?
La dette de sommeil correspond à un temps de sommeil inférieur à ses besoins. La plupart du temps, ce manque de sommeil provient d’une privation volontaire, involontaire ou imposée de sommeil.La privation de sommeil volontaire : Pour certains, dormir c’est perdre son temps. Pour d’autres, vouloir faire rentrer dans 24h00 ses obligations professionnelles, son temps de trajet, ses loisirs et sa vie sociale est une nécessité. De fait on se couche plus tard, on se lève plus tôt ou on décale les heures de sommeil qui ne correspondent plus aux horaires physiologiques et naturels de notre sommeil.La privation de sommeil involontaire : La privation involontaire de sommeil peut résulter de nouvelles circonstances familiales (la vie en couple, l’arrivée d’un bébé...) ou environnementales (le bruit en ville…) qui bouleversent le rythme veille-sommeil. Un nouveau rythme veille-sommeil s’impose alors sans que nous nous en ayons vraiment conscience.La privation de sommeil imposée : Elle apparaît notamment dans le cadre de contraintes professionnelles comme le travail de nuit, le travail posté ou le travail avec des horaires atypiques. L’obligation de se lever très tôt, de se coucher tard ou le décalage de la nuit de sommeil à des heures non physiologiques sont des causes importantes de privation de sommeil.
Quelques chiffres sur le manque de sommeil en France
Selon notre étude réalisée avec IFOP, en décembre 2021, 56% des français que nous avons sondés jugent leur sommeil insuffisant, et selon une autre étude, OpinionWay réalisée en 2017, beaucoup de français dorment en moyenne moins la semaine que le week-end (environ 1h). Or nous pouvons caractériser la dette de sommeil comme une privation de sommeil observée en semaine par rapport au week-end, cette dette de sommeil sera d'autant plus forte que le sommeil en semaine sera plus court. Récupérer durant le week-end, n’est utiles que si nous ne dormons pas assez la semaine. En un siècle, les français ont perdu plus d’1h30 de sommeil et cela touche l’ensemble des classes d’âges.
Cette dette de sommeil peut aussi être causée par des troubles survenant pendant le sommeil. Parmi eux, le syndrome d’apnées du sommeil et des jambes sans repos sont à rechercher lorsque certains symptômes, accompagnant la somnolence, sont décrits : Le ronflement, l’impression de suffoquer, de se lever la nuit plusieurs fois pour uriner peuvent être caractéristiques de l’apnée du sommeil, alors qu’une obligation de bouger ses jambes, de les frotter ou de se lever pour marcher peuvent l’être pour le syndrome des jambes sans repos.
Mais est-ce grave ?
La première conséquence de la dette de sommeil est la somnolence. Cette somnolence est la cause de problèmes de concentration, de sensation de grande fatigue et de baisse de vigilance à l’origine d’accidents. 20% des accidents de la route sont dus à la somnolence et la somnolence est devenue la première cause de décès sur autoroute. En 2018, Le facteur « perte de vigilance » est présent dans 12 % des accidents.Un grand nombre d’accidents du travail est également dû à cette baisse de la vigilance qui s'accentue lorsqu’elle est couplée à un long temps d’éveil.
Cette dette de sommeil a un impact sur la perception de la douleur. Le seuil de la douleur est diminué de 25% lorsqu’on est en manque de sommeil, provoquant par réaction des perturbations du sommeil et donc accentuant ce manque de sommeil. Cette dette de sommeil a également des répercussions au niveau de notre humeur. On devient plus irritable, plus nerveux et moins capable de lutter contre le stress et l’anxiété. Cette diminution de notre capacité à lutter contre le stress ou l’anxiété, ou cette sensibilisation accrue au stress et à l’anxiété renforcent le cercle vicieux de la dette de sommeil en allongeant notre temps d’endormissement et ainsi, accentue notre manque de sommeil. Ces troubles de l’humeur vont avoir des répercussions négatives sur les relations entre salariés dans l’entreprise. De même, une dette de sommeil sévère et répétée peut amener à un état de grande fatigue, d’épuisement que nous connaissons maintenant sous le nom de burn-out. Les dernières recommandations de l’HAS (Haute autorité de santé) du 24 mai 2012 ont officiellement rapporté que dormir moins de 6h00 par nuit est délétère pour la santé. Dormir moins de 6h00 est à l’origine de troubles du métabolisme. Un lien est également prouvé avec la prise de poids et l’obésité. En effet, le manque de sommeil perturbe la sécrétion d’hormones régulant l’appétit qui se traduit par une prise alimentaire augmentée et perturbée, notamment avec une augmentation sensible du snacking (c'est-à-dire manger à toute heure des snacks, friandises et autres chips). Dormir moins de 6h00 aurait également des conséquences sur la fréquence cardiaque, la pression artérielle et les maladies cardio-vasculaires.
Que faire contre le manque de sommeil ?
Un manque de sommeil ne peut se compenser que par du sommeil !Ca à l’air idiot, mais malheureusement, c’est la solution efficace pour retrouver un temps de sommeil au niveau de ses besoins.Les contre-mesures comme le café, les boissons énergisantes ou autres stimulants ne sont pas efficaces sur le moyen et long terme lors de dette chronique de sommeil. Au mieux, elles vous aident quelques heures voire quelques jours en fonction de la sévérité de la dette de sommeil. Au pire, elles induisent des comportements inadaptés qui peuvent vous faire basculer dans l’insomnie ou dans des troubles de l’humeur.Excepté la dette de sommeil induite par des pathologies qui vous diminuent la qualité et/ou la quantité de sommeil, qui s’améliore totalement ou nettement avec la prise en charge de ces troubles, la dette de sommeil s’améliore grâce à un changement de comportements.
Ce changement de comportements peut s’appliquer à 3 niveaux différents :