Le sommeil des français, notre état des lieux

Notre récente étude sur le sommeil

Nous avons récemment mis en place une étude avec l'Ifop visant à comprendre les attentes et les comportements des Français par rapport à leur sommeil. Ce que nous constatons est assez alarmant. Nous constatons que les Français ayant des troubles du Sommeil, (et ils sont nombreux) ne font pas d’une priorité la prise en charge de ces troubles qui affectent pourtant sévèrement leur quotidien.

Est-ce un manque de moyens ? Un manque d’accompagnement adapté ? Un manque d’outils ou bien de temps ? Pas de prise de conscience ?

L’étude menée concernait des individus âgés de 18 ans et plus, au cours des 12 derniers mois :

- 56% des Français affirment avoir eu un ou des problèmes de sommeil
- 42% des répondants ayant eu des troubles du sommeil ont déjà pris un traitement pour mieux dormir dont la majorité sont des femmes
- 35% d'entre eux ont déjà téléchargé une ou plusieurs applications « bien être ou santé.

Nous savons maintenant qu’il existe des solutions pour prendre en mains ces troubles. Elles ont pour objectifs d’apprendre à gérer le manque chronique de sommeil, l'adaptation d'un rythme de vie plus régulier et l'amélioration de la qualité de notre sommeil.

Connaissez-vous le traitement de référence de l’insomnie chronique ? 

« Je vais prendre quelque chose pour dormir », nous avons tous entendu cette phrase dans notre entourage, la petite pilule miracle pour enfin dormir ! L’utilisation de la pharmacologie reste aujourd’hui la solution la plus utilisée pour lutter contre les insomnies chroniques. Est-ce la meilleure des solutions pour traiter l’insomnie chronique ? 

 

Les premiers médicaments utilisés pour traiter l’insomnie ont été les barbituriques car agissant comme dépresseurs du système nerveux central. A faible dose, ils ont un effet tranquillisant mais leur utilisation est aujourd’hui très limitée du fait de leurs effets secondaires importants et de leur forte dépendance. Les barbituriques sont encore utilisés aujourd’hui mais en anesthésie ou dans l’épilepsie par exemple.  

D’autres traitements de l’insomnie sont apparus dans les années 80, ce sont des dérivés de benzodiazépine (zolpidem, zopiclone).  Ils affectent peu l’architecture du sommeil et ont moins d’effets secondaires que les autres médicaments utilisés, ce sont les hypnotiques les plus utilisés encore aujourd’hui. Cependant, en France, les conditions de prescription de ces traitements se sont durcies et sont désormais calquées sur celles des stupéfiants du fait du risque de pharmacodépendance ou d’abus.  

D’autres médicaments existent et sont aussi couramment utilisés : les benzodiazépines, les antihistaminiques, certains anxiolytiques ou anti-dépresseurs ou encore la mélatonine. En 2020 plus de 30 millions de boites de médicaments à visée hypnotique et sédative sont sortie de nos pharmacies françaises. 

Mais ces traitements font-ils référence dans la prise en charge de l’insomnie chronique ? En 2017 sont sorties les recommandations européennes pour le diagnostic et la prise en charge de l’insomnie et celles-ci mettent en avant un autre traitement de l’insomnie : la Thérapie Comportementale et Cognitive de l’Insomnie (TCCI). Ces recommandations proposent la TCCI comme traitement de première ligne pour les troubles de l’insomnie chronique chez l’adulte quel que soit l’âge (J Sleep Res. (2017) 26, 675–700).  

En quoi consiste la Thérapie Comportementale et Cognitive de l’Insomnie (TCCI) ? 

Cette thérapie non pharmacologique, existe depuis plus de 20 ans, s’attaque aux causes de l’insomnie et a pour objectif de modifier les réponses inadaptées développées par l’insomniaque face au sommeil. Pour ce faire la TTCI se décompose en plusieurs étapes : l’apprentissage des habitudes de vie et d’hygiène du sommeil, le contrôle du stimulus, la restriction du temps dormi, la thérapie cognitive (gestion des pensées dysfonctionnelles) et les techniques de relaxation.

Ce traitement est basé sur méthode scientifique et permet au patient de réapprendre dormir grâce à ces différentes techniques. L’une des clés de la réussite du traitement par la TCCI repose sur la meilleure connaissance du sommeil par le patient, son implication et ses efforts déployés tout au long du traitement.

Quelles sont les limites de cette prise en charge de l’insomnie chronique ? 

Ce traitement est directement dépendant du thérapeute choisi et de ces méthodes car il n’existe pas une TCCI mais des TCCI qui peuvent varier dans leurs méthodologies utilisées. Il est donc important de bien choisir son thérapeute.  

Autre inconvénient, il y a peu de thérapeutes formés en France parmi les professionnels de santé ou les psychologues, ce qui est une barrière à la prise en charge et rend inaccessible ce traitement au plus grand nombre. De plus, peu de personne dans le grand publique, ou même de médecins généralistes qui suivent ces patients, connaissent ce traitement qui pourtant fait référence dans la prise en charge de l’insomnie chronique (80% des prescriptions des hypnotiques viennent de la médecine générale). 

Enfin, cette thérapie demande une prise de conscience de la maladie et un investissement très important du patient car il est plus difficile de lutter contre nos pensées dysfonctionnelles et nos mauvais comportements pour redormir naturellement que de prendre un comprimé chaque soir qui artificialise le sommeil.